Stéphane DELRINE
Alors que j'étais déjà fatigué à l'idée d'être fatigué d'écouter le nouveau Cure, je suis tombé sur un joyau tombé du ciel, d'un ciel d'hier même, puisqu'il s'agit d'un titre sorti en 2007, comme un signe pour me sortir du marasme curesque dans lequel je m'apprêtais à choir par dépit. Son titre : "L'Eau noire". Son auteur : Stéphane Delrine, dont j'avais déjà parlé ici il y a quelques années, avec son somptueux "Diva".
Cette eau noire, vive, est régénérante, purifiante comme l'eau claire.
Elle a le goût proustien d'un Manset, la couleur automne d'un Manset, et aussi la fraîcheur cheyenne d'un Murat.
Cette eau noire, c'est la bile noire de la mélancolie, drôle de vin de messe intime tiré aux heures pâles de la nuit.
Fan de Manset et Murat, Delrine voyage en solitaire dans son manteau de pluie, à distance des lumières artificielles.
Il chante les oiseaux migrateurs comme s'il était l'un des leurs, en partance vers des cartographies vierges de toute pollution sonore mazoutée, mélasse noire recouvrant désormais les paysages de la chanson.
Le mini album L'eau noire - sorti en 2007 et réédité en 2024 - renferme cinq songes troubles : "Le désir", aux résonnances de "L'amour en fuite" de Murat paru un an plus tard (Jean-Louis écoutait-il secrètement du Delrine ?), "Aurons-nous un jour le temps d'aimer", entre Manset et François de Roubaix, "L'attache", en éclat de Violator français, puis "Les immortelles" vient flotter comme Ophélie en point d'orgue sur ces "ondes calmes et noires où dorment les étoiles" - pour reprendre les mots de Rimbaud -, et, au final, "L'eau noire" monte dans le noir et gronde à nos mémoire, comme un drap qu'on ramène sur nos yeux pour mieux entrer dans le rêve de ce monde caressant.
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