« J'avais déjà enregistré deux chansons avec beaucoup de succès pour Duran Duran ("The Reflex" en 1983 et "The Wild Boys" en 1984 - NDLR). Cet album, c'était très intéressant, un énorme challenge : le groupe était déjà énorme, il ne pouvait pas aller plus haut. En plus, à l'époque, rien n'allait entre eux, Andy Taylor (guitare) et Roger Taylor (batterie) avaient splitté et pour "Notorious", j'ai carrément dû devenir le guitariste de Duran Duran ! J'adore la new wave, c'est pour ça que je m'entendais si bien avec eux [...] Il y avait des sessions d'enregistrement programmées où personne ne venait, ils devenaient tous dingues. Thanks God, j'ai réussi à recoller quelques morceaux pour un résultat que je trouve satisfaisant. Le meilleur remerciement, ça a été quand Simon Le Bon (le chanteur) a déclaré lors d'un concert " Si ce groupe s'en est sorti, c'est grâce à Nile."»
Plus loin, Nile Rodgers conclut : "Je compare souvent mes relations en studio avec celles que j'entretenais avec Bernard Edwards. C'est comme ça qu'était ma relation avec Bowie, avec Madonna, avec Duran Duran et avec les Daft Punk. Ce sont des partenaires que je respecte, qui me rendent heureux. Je suis tout le temps heureux."
Quel sacré bonhomme ! Si la terre était peuplée de gens comme ça...
Technikart consacre donc de l'espace aux petites histoires de Nile entourant "la conception de six grands albums qu'il a produits". Un tiers de page est accordé à Duran Duran. Je me souviens, quand mon livre Duran Duran : Les Pop modernes est sorti en fin d'année dernière, j'avais lancé l'info auprès d'un gars de la rédaction, Laurence Rémila. Il m'avait répondu par mail, m'avait donné son adresse pour que je lui envoie un exemplaire. "Avec plaisir !" s'était-il exclamé. Puis, silence radio. Pas de réponse à mes deux mails de relance et pas d'article dans les numéros de Technikart qui ont suivi. Étonné, je l'ai appelé. Il m'a dit, grosso modo, qu'il l'avait lu, qu'il l'avait trouvé très bien, mais qu'il ne savait pas trop quoi en faire... Bref. C'était sans doute ringard pour Technikart de parler de Duran Duran il y a encore six mois : l'album de Daft Punk n'était pas encore sorti, avec le carton que l'on sait pour le single coécrit et produit par Nile Rodgers.
Et aujourd'hui, à la faveur des évènements, c'est marrant de voir comment ces types sont prompts à parler de Duran Duran, quand la mode les y invite donc. Il y a fort à parier que si le livre sortait maintenant, Laurence Rémila saurait sans doute quoi en faire : le chroniquer pour dire à quel point Duran Duran est un groupe digne d'intérêt (il m'a précisé au tel qu'il suivait leur actualité). En fait, le gars aime Duran Duran, aurait voulu en son for intérieur parler du bouquin à sa sortie, mais comme les Inrocks et autres confrères "tendance" ont fait l'impasse sur l'objet pour des raisons notamment extra-musicales que j'ai expliquées ici, il a suivi le mouvement. La peur du fameux "qu'en dira-t-on" qui bouffe les gens de l'intérieur. Le suivisme moutonnier qui uniformise et abrutit la presse française.
Tout ça ne fait qu'accroître la dimension d'ouvrage précurseur de Duran Duran : Les Pop modernes - à côté duquel sont passés les suiveurs de tendances -, permettant une lente mais sûre réhabilitation du groupe en France. Les pleutres ne sont pas près d'y adhérer, par la seule crainte de passer pour des ringards (on se demande pourquoi d'ailleurs) ou de s'écarter d'un "bon goût" imaginaire (une obsession chez eux).
"Le bon goût est un truc très surestimé. Pour ceux qui ont toujours eu de l'argent dans leur famille, c'est une excuse pour snober les nouveaux riches. Le bon goût, c'est de la connerie : le truc dont il faut réellement se débarrasser. Souvent, ce n'est pas ce que l'on aime en réalité, mais ce qu'on croit devoir aimer".
Simon Le Bon (cette citation se trouve bien évidemment dans Duran Duran : Les Pop modernes).
Laissons-les à leurs trucs tendances fréquentables surtout interchangeables et impersonnels, et à leur morne existence.
Vive Nile Rodgers, vive l'amour de la musique et de la vie !!
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