Bonjour, c'est Johnny...
L'histoire du rock peut se raconter comme un conte, tant les noms qui la parsèment sont familiers de notre imaginaire. Quand on apprend aujourd'hui la mort de Chuck Berry à 90 ans, c'est un peu comme si on apprenait le décès de l'Alice du pays des merveilles au même âge canonique.
A l'image des contes
classiques, le rock n'est pas arrivé comme ça d'un coup sur terre,
d'un claquement de doigts. Il n'y a pas eu de Big Bang du rock.
Mais ceci dit, vous
verrez, l'histoire du rock, c'est un peu comme un ciel constellé
d'étoiles.
Je vais vous la raconter
:
Il était une fois, il y
a très longtemps, quand le rock n'existait pas...
Avant le rock, il y avait quoi ?
Hé
oui, il y a des gens qui ont vécu avant nous sans connaître le
rock, les pauvres, la vie devait donc être très dure en ces
temps-là, je ne sais pas comment ils faisaient : moi je ne pourrais
pas vivre sans le rock. Mais il y avait de la musique bien entendu,
l'homme a toujours joué de la musique.
En Amérique, au début
du XXème siècle (dans les années 30 plus précisément), un
musicien noir de blues, Robert Johnson a enregistré vingt-neuf titres,
considérés aujourd'hui comme la genèse du rock. Pourquoi ? Parce
que sa façon de jouer de la guitare était envoûtante et nouvelle,
et qu'il a chanté des thèmes qui seront toujours associés au rock
après lui : la rébellion, les voitures, les femmes...
Il a aussi
chanté les difficultés de sa vie, sa misère, car n'oublions pas
qu'il était un Noir, aux Etats-Unis, au début du siècle dernier.
Il faut savoir qu'à l'époque, la société américaine était
cloisonnée et organisée autour de la domination des Blancs sur les
Noirs : d'un côté il y avait les Noirs, pauvres, avec leurs
quartiers, leurs écoles, leur musique à eux (la soul, le jazz, le
rhythm'n'blues, qui est un style dérivé du blues comme son nom
l'indique, mais en plus énergique) et même leurs radios, et, de
l'autre côté, les Blancs, avec plus d'avantages sociaux, mais aussi
leur musique (la country, le hillbilly, le folk) et leurs radios à
eux également, etc.
La frontière entre "musique blanche"
et "musique noire" était quasi infranchissable, parce que
les personnes de race différente ne se mélangeaient pas. Bon,
évidemment, c'était un peu plus compliqué que ça en fonction des
endroits où les gens vivaient mais je résume grosso modo, je ne
suis pas un historien du rock.
Comme nous l'avons vu, ce sont les
Noirs, avec des gens comme Robert Johnson, qui ont lancé les bases
du rock. Etant donné que les américains dominants n'avaient pas beaucoup
de considération pour les artistes Noirs, des musiciens Blancs se
sont mis à reprendre leurs compositions pour les rendre accessibles
à l'Amérique Blanche, l'Amérique majoritaire. Ces musiciens Blancs
ont donc amené le rock dans leurs musiques populaires et ce mélange
a enflammé l'Amérique ! Et quand je dis "enflammé",
c'est une image, bien sûr... quoique !
Les musiciens Noirs ont
bien entendu tiré parti de ce succès éblouissant et ont pu alors
obtenir une belle reconnaissance dans l'Amérique entière, unie
autour du rock'n'roll ! Quand je vous disais que le rock'n'roll a
changé le monde et la vie de millions de gens, vous comprenez
pourquoi maintenant.
La naissance du rock
Le rock, au début, dans
les années 50 et 60, s'appelait le "rock and roll", verbes
qui signifiaient "se balancer et rouler" et que l'on
utilisait déjà pour décrire le rhythm'n'blues noir. Certains
disques de blues de la fin des années 30 présentaient des sons de
guitare modernes, avec du rythme, ils étaient "rock'n'roll"
parce que les gens pouvaient se balancer sur leur chaise et claquer
des doigts en les écoutant !
Tout ça se passait aux
Etats-Unis. En France, à l'époque, les gens écoutaient du jazz ou
des chansons d'opérettes - un genre venu du théâtre. Il y avait
quelques vedettes du music-hall, qui chantaient dans les cabarets
(l'équivalent des salles de concerts d'aujourd'hui) : Edith Piaf,
Charles Trenet, Jean Sablon, Maurice Chevalier, Berthe Sylva, etc.
Tous ces artistes ont constitué le grand répertoire de la chanson
réaliste française de la première moitié du 20ème siècle,
fierté de notre patrimoine qu'on ne se lasse pas de réécouter
aujourd'hui. Il faudra attendre la fin des années 50 pour que les
vedettes françaises commencent à adapter les succès du hit-parade
américain.
Entre-temps, un
raz-de-marée avait soulevé la planète : le rock and roll, qui a
réveillé l'Amérique avec fracas en 1955. A ce moment-là, j'étais
à peine plus grand que vous puisque j'avais douze ans, Monsieur Bill
Haley - un américain donc, comme son nom l'indique - a enregistré
la chanson "Rock Around The Clock" et ce fut comme une
deuxième naissance pour moi, ainsi que pour des millions de
personnes à travers le monde : une force merveilleuse s'emparait de
nos corps pour nous donner du bonheur, parler à notre cœur et
provoquer nos hurlements de plaisir ! Et tout ça, avec juste une
guitare - la baguette magique des rockeurs -, de l'énergie et une
voix de cow-boy.
Bill Haley avait déjà enchanté le continent
américain avec des chansons comme "Shake, Rattle And Roll"
mais avec "Rock Around The Clock", c'est le monde entier
qu'il a conquis. Bill Haley est le premier rockeur à avoir fait
danser la planète. Malheureusement, il est passé comme une comète
puisqu'il n'a plus vraiment fait parler de lui après. Comme je vous
l'ai dit au début, l'histoire du rock, c'est un peu comme un ciel
constellé d'étoiles, et on peut considérer que Bill Haley est la
première étoile irradiant le monde à être apparue dans ce ciel
magnifique.
Il faut que je vous dise
que l'Amérique est un pays qui m'a toujours beaucoup fasciné, avec
ses films de western, ses acteurs mythiques (John Wayne, Marlon
Brando, James Dean, etc.), ses écrivains populaires qui parlent si
bien de la vie et de nos émotions (Tennessee Williams, Faulkner,
Hemingway), ses Harley-Davidson légendaires et ses grands espaces de
liberté californiens.
Et parmi ces grands espaces, il y a la Route
66.
J'en connais un qui a dû l'emprunter avec son camion, cette
fameuse route, lorsqu'il était encore un jeune routier. Je veux
parler d'un sacré bonhomme qu'on appelait le petit gars de Tupelo,
du nom de la ville où il est né : Elvis Presley, le King ! Une
sacrée étoile celui-là : la plus éblouissante que je connaisse,
qui continue aujourd'hui à briller au firmament de la légende du
rock ! Rien que de prononcer son nom, cela me donne encore des
frissons.
Le groupe Duran Duran a rendu un hommage hallucinant à ce sacré gars, regardez, et écoutez ! Rock'n'roll :
La suite, demain les enfants !
Faites comme Christophe Officiel, CharlElie, Gonzaï, Longueur d'Ondes, Causeur et Francis Zégut, suivez-moi sur Twitter :
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