Dans la série "les vérités qui dérangent", Tom et Louise nous fournissent une synthèse !
Le pitch : Louise et son fils Tom emménagent dans un joli T3 situé dans une résidence du quartier nord de Toulouse. La vie suit son cours paisible jusqu'au jour où vient s'installer dans l'immeuble d'en face un couple qui va briser l'harmonie et la quiétude du voisinage : leur bébé pleure nuit et jour, leur chien gémit en permanence, attaché sur le balcon, etc. Mais le pire est à venir, car les nouveaux arrivants semblent vouloir faire la loi, au mépris des autres. Très vite, le quotidien de Tom et Louise va devenir un enfer...
Voici un livre en guise de chronique ordinaire de la France d'en bas, qui ne sera jamais recensé dans les grands médias (Paris Match par exemple où il suffit à l'une de leurs journalistes - Caroline Mangez - de vivre deux mois et demi dans une HLM pour qu'elle tire un bouquin de cet exploit, La Cité qui fait peur, comme si elle avait fait la guerre). C'est sûr qu'à Boboland, la France d'en bas est un train fantôme juste bon pour s'amuser à se faire peur de temps en temps.
Les vraies gens de la France réelle n'écrivent pas de livre après deux mois de vie quotidienne dans une HLM, ils subissent juste le vivre-ensemble promu par ces mêmes grand médias de l'entre-soi germanopratin. Ce vivre-ensemble qu'ils ont besoin de marteler à marche forcée tellement il n'existe pas ailleurs que dans leur tête idéologisée. Ce mirage mine la société française actuelle.
Michelle Brun rend compte de ce quotidien désagrégé d'un point de vue toulousain. Ce récit en forme de nouvelle ne tient que sur 82 pages et il a la dureté d'un constat, comme disait Boris Vian des chansons de Gainsbourg.
Tom et Louise, les hurlants de la rue Edmond Rostand se lit d'une traite, comme le court roman Le Locataire chimérique de Topor adapté au cinéma par Polanski (Le Locataire, 1976) et dont le thème du vivre-ensemble déglingué, aux séquences relevant de la folie, offre des similarités.
Seulement, en 2022, le sentiment d'oppression vécu par certains locataires n'émane plus seulement de la parano, mais du laxisme généralisé, très bien décrit dans Tom et Louise : syndics, politiques, flics, organismes sociaux divers, tous tétanisés à l'idée d'agir contre des locataires hurlants, envahissants, terrifiants.
Intimidations, menaces, violences physiques, insultes, incivisme, bienvenue chez les fous furieux (pas si fous en réalité...).
Au moment où l'affaire Lola jette un pavé dans la marre des dysfonctionnements honteux de l'appareil judiciaire et sa cohorte d'inerties coupables, ce livre citoyen dresse un nouveau constat amer de tous les renoncements ambiants.
Vous l'aurez compris, l'ouvrage relève d'une bonne intention pavée d'enfers, tant la France d'aujourd'hui se fait Kafkaïenne.
Bon an mal an, Louise garde l'espoir, reste optimiste, car elle préfère toujours voir la vie en rose, même dans cette Ville rose aux reflets bleus nuit inquiétants, comme sur la couverture du livre.
Pour info, une suite est déjà annoncée !
Tom et Louise, les hurlants de la rue Edmond Rostand est publié à compte d'auteur. Pour contacter Michelle Brun : michelle.brun@orange.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire