Voici deux aphorismes de Jean-Edern Hallier que Olivier Py pourra méditer entre deux réunions de cultureux syndiqués à Avignon :
« Insidieusement, le mot de "culture" s'est mis à masquer non
seulement la vanité culturelle des hommes politiques, mais aussi le terme de
propagande ».
« La subvention met au pouvoir un art de toute façon inférieur puisqu'il sera
le choix d'un fonctionnaire, d'un homme politique, ou d'un conseil municipal.
On va demander à un fonctionnaire mégalo de trancher de la beauté ou de la
qualité des Corneille ou des Molière d'aujourd'hui. Ce n'est pas son métier ;
il n'y connaît rien, et pourtant c'est lui qui décide. Vous me direz
qu'autrefois, c'était l’Église qui subventionnait les artistes. Seulement l’Église s'y connaissait. Toute sa grandeur dans un premier temps, fut d'être
le mécène des artistes ».
On sait que notre ancien vainqueur de Roland Garros est un garçon ultra-sensible, qui avait déclaré le soir de l'élection de Hollande : "J'ai chiaaaaalé !!!". Très très forte émotion, comme il l'avait lui-même précisé en sortant de scène, j'en ai encore des frissons.
Hier, l'envie de chialer lui est sans doute passée au vu de la débâcle du PS. Pourtant, avec sa chanson républicaine "Saga antifa, ambiance de la brousse" programmée quelques jours avant le scrutin, il était vaillamment monté au filet républicain de la résistance humaniste progressiste. Il n'a pas vu le passing-shot venir : "Elle est où la balle ?". La réponse de circonstance est toute trouvée, facile mais toujours efficace : "Dans ton c..." ! (c... pour caleçon Sloggi, bien évidemment, je précise pour les esprits mal intentionnés).
Comble du comble, la victoire du FN au premier tour à Hénin-Beaumont va nous priver du front républicain américain de Noah et Dany Boon !
Bon, tout n'est pas perdu, avec le remaniement annoncé, Noah n'a pas fini de chialer : Chantal Goya... Ségolène Royal, pardon, serait pressentie pour occuper un grand pôle ministériel réunissant l'Éducation nationale, la Culture, la Jeunesse et les Sports... Ben oui, c'est Noah qui mérite d'être ministre de la Jeunesse et des Sports. Pas la Ségolène, allons, quand même !!
J'adore Bret Easton Ellis. Je suis venu à son œuvre après avoir vu le film adapté de son roman American Psycho : un vrai choc sublime, dans lequel le serial killer érudit de musique pop Patrick Bateman - superbement joué par Christian Bale - parle comme un vrai passionné de musique (ce que ne peuvent comprendre les critiques, qui y voient là une attaque en règle contre les années 80, ces idiots*) ! Fascinant et génial ! L'un des derniers, Lunar Park, est un pur chef-d’œuvre aussi, entre ambiance oppressante de film d'horreur hitchcockien et quête d'identité avec en toile de fond la famille. Le vrai plus de Bret Easton Ellis : son humour ! L'écrivain américain a réussi l'exploit de faire des années 80 (et notamment de sa musique) un vrai sujet littéraire noble, avec une plume explosive.
Ce type, qui a dit en interview que l'album Boxer de The National l'a sorti de sa dépression, est un passionné de musique. Il a intitulé son dernier roman en référence à l'excellent album de Elvis Costello Imperial Bedroom, qu'il considère comme son disque préféré.
Et justement, Ellis cite souvent des chanteurs/groupes dans ses romans. Voici les playlists de ses romans Imperial Bedrooms (Suites Impériales) et Less Than Zero (Moins que zéro), qui attestent déjà en elles-mêmes la qualité et l'intérêt de l’œuvre cultissime de cet écrivain génial (source : flavorwire.com) :
IMPERIAL BEDROOMS (SUITES IMPÉRIALES, titre français)
“Magic” — Bruce Springsteen
“Girls on Film” — Duran Duran
“Loser” — Beck
“Hungry Like The Wolf” — Duran Duran
“Desperados Under The Eaves” — Warren Zevon
“Life Fades Away” — Roy Orbison
“A Long December” — Counting Crows
“How To Save A Life” — The Fray
“You Little Fool” — Elvis Costello
“China Girl” — David Bowie
“I Love LA” — Randy Newman
“Man Out Of Time” — Elvis Costello
“What’s A Girl To Do?” — Bat for Lashes
“Racing Like a Pro” — The National
“Don’t Talk to Me About Love” — Altered Images
LESS THAN ZERO (MOINS QUE ZÉRO, titre français)
“New Kid In Town” — The Eagles
“Crimson & Clover” — Joan Jett & The Blackhearts
“In The Sun” — Blondie
“I Love L.A.” — Randy Newman
“Hungry Like A Wolf” — Duran Duran
“Somebody Got Murdered” — The Clash
“Do You Really Want To Hurt Me?” — Culture Club
“Straight Into Darkness” — Tom Petty and the Heartbreakers
“LA Woman” — The Doors
“Los Angeles” — X
“Earthquake Song” — The Little Girls
“Sex and Dying in High Society” — X
“Stairway to Heaven” — Led Zeppelin
* Bret Easton Ellis a déclaré lors d'une interview accordée au Nouvel Observateur que son
but n'était pas de critiquer la société, mais que c'était les lecteurs
qui interprétaient ses livres ainsi. L'écrivain a inventé un personnage fantastique, et non pas un message, c'est tout.
J'ai découvert les Shoulders dans les années 90, par hasard, sur une radio périphérique captée par mon autoradio à Rennes, qui diffusait leur titre "The Fun never stops". La voix du chanteur m'a saisi immédiatement, l'ambiance m'a scotché, la force du titre m'a incité à en savoir plus sur eux. Heureusement, l'animateur de la radio a donné le nom du groupe et du titre, que j'ai immédiatement notés sur un papier.
Je me suis vite rendu compte que la chasse au trésor allait être compliquée, tant l'existence de ce groupe relevait de la confidentialité la plus totale. En tout et pour tout, dans mes archives de presse, j'ai trouvé une seule interview des Shoulders et une seule chronique d'album (pour leur premier Trashman Shoes) publiées dans Best au milieu des années 90.
Bon an mal an, j'ai réussi - heureux comme un pou - à me procurer à l'époque la K7 de l'album "The Fun never stops" (leur deuxième) puis le CD du premier. Depuis, j'ai aussi racheté "The Fun never stops" en CD.
Ce groupe me rappelle un peu ce que j'aime chez New Model Army : des chansons puissantes, mélodieuses, mais aussi des ballades crépusculaires chargées de mélancolie et de noblesse d'âme écorchée. Vraiment un groupe grandiose, au destin malheureusement injuste.
Je viens d'apprendre que leur troisième album est sorti l'automne dernier : Another Round. Grâce à Internet, l'objet est commandé, je suis aux anges.
Essayez les Shoulders, des vrais, des purs comme on n'en fait plus !
Leur nouvel album est sorti, the fun never stops !!
LeNouveau Dictionnaire du Rock (Robert Laffont) sort le 6 mars. Pour moi, c'est l'accomplissement de six années de travail sporadique sur l'objet.
En mars 2008, Michka Assayas m'avait aimablement contacté pour me proposer - après avoir consulté mon blog - de participer à la réactualisation de son Dictionnaire du Rock, car un de ses collaborateurs venait de lui filer entre les doigts. Le genre de proposition qui ne se refuse pas, bien evidemment (au moins juste pour faire chier les trouducs de Magic, de Rock&Folk, des Inrocks, etc., etc.) (retrouvez la liste complète dans mon presque best-seller Duran Duran : Les Pop modernes).
J'avais lu l'excellent roman Exhibition de Michka - que je recommande vivement -, j'étais d'autant plus honoré qu'une telle proposition émanait de quelqu'un dont j'admire l’œuvre. Et je connaissais comme tout le monde son Dictionnaire du Rock, dont un exemplaire trône toujours en bonne place, en consultation libre, dans toutes les librairies dignes de ce nom.
Le cahier des charges était le suivant :
Je cherche quelqu'un pour écrire des notices sur des chanteurs français de
variété rock (enfin, c'est moi qui appelle ça comme ça, à la FNAC ils disent
pop-rock) dont personne ne veut : Cali, Calogero, M, etc. L'idée, c'est que
ce soit précis, rigoureux, pas méprisant mais pas complaisant non plus (manquerait
plus que ça).
Effectivement, j'ai passé un essai (concluant) sur Cali, mais Dieu m'a préservé de M, c'est toujours ça de pris.
Et puis j'ai eu du rab : en plus des chanteurs français dont personne ne veut, j'ai aussi pris les artistes internationaux dont personne ne veut (Pink, Evanescence, Tokio Hotel, etc.). On est parti sur un prévisionnel d'une quinzaine de notices au départ, pour finir à plus de trente finalement.
Même si je me suis astreint à une rigueur de style qu'exige le cadre d'un dictionnaire, j'ai quand même réussi à glisser une petite vanne dans la notice Tokio Hotel. Ceci dit, le ton général du dictionnaire est à la décontraction, c'est ce qui fait aussi le charme de l'ouvrage de référence qu'il est devenu.
Ma satisfaction principale est d'avoir fait entrer le kommissar Falco dans ce Nouveau Dictionnaire du Rock, et je n'en suis pas peu fier : ce type était un génie, malheureusement méconnu en France (un de plus. Merci qui ? Merci l'exception culturelle française). J'ai aussi contribué à écarter tel ou tel artiste du dico, je ne citerais pas de noms mais vous pouvez me remercier (et pas qu'un peu, si vous saviez...).
Par contre, j'ai un grand regret : Crystal Castles ne figurera pas dans ce Nouveau Dictionnaire du Rock, malgré la notice que je leur ai consacrée avec amour (ça me changeait de Kyo) et l'effroi que je n'ai pas manqué d'exprimer à la vue de cette décision finale de Michka de ne pas les retenir. Leur absence d'un tel ouvrage me paraît une hérésie, ils ont quand même fait la couverture du NME trois fois mais c'est ainsi, que voulez-vous. Ils sont sans doute les seuls et véritables héritiers spirituels de Joy Division aujourd'hui, tant pis, ça sera pour la prochaine édition.
C'est d'autant plus drôle (et dramatique à la fois) que c'est une notice qui m'avait donné beaucoup de fil à retordre : une première mouture dont j'étais très heureux après une semaine de boulot a été perdue suite à l'implosion totale de mon disque dur, ce qui m'a rendu malade (je n'avais pas fait de sauvegarde, évidemment). J'ai mis des semaines entières à essayer de retrouver la qualité de cette version perdue en m'arrachant les cheveux entre deux séances de méditation transcendantale, pour apprendre au final que les Crystal Castles étaient purement et simplement rayés de la liste définitive.
Dur, dur.
Pour le reste, je ne ferai pas plus de commentaires, ce magnifique et monumental Nouveau Dictionnaire du Rock est avant tout celui de Michka Assayas, le contenu et les décisions finales lui appartiennent bien légitimement, je n'ai pas à juger de cela ici (d'autant qu'il a fait preuve d'une vraie ouverture d'esprit, d'une écoute bienveillante et d'une constante gentillesse - ce que la rencontre en réunion d'équipe a confirmé - pendant toute la durée de cette collaboration précieuse).
Voilà ce que je retiens de cette expérience unique, avec le plaisir aujourd'hui de tenir cet irrésistible objet dans les mains et de savourer enfin la mission accomplie. Attention : une fois dans les mains, il est impossible de le lâcher.