mercredi 5 novembre 2025

♫ Les 10 ratés du Best-of de Jean-Louis Murat

Attention les yeux, ça pique :



Le Best-of de Jean-Louis Murat est sorti le lendemain de la mort du chanteur (j'ai écrit un hommage à l'époque, publié par Gonzaï, à lire ici).

Consécration méritée, même si post-mortem, mais...

Beaucoup de choses ne vont pas dans cette compilation.

Au moins 10.


1) La pochette et sa photo de vieux paysan en train de bêcher son champ... 




Pour un tel best-of couvrant 40 ans de carrière, tu prends une belle photo d'archive ou tu conçois un visuel emblématique de l'artiste. On ne vend pas des chansons comme des produits agricoles. Murat a suffisamment parlé partout de son Auvergne natale et de son attachement à sa vie de campagnard pour encore en rajouter jusque dans la caricature gougniafière sur la pochette de son best-of.

De plus, tout est illisible sur cette pochette : le texte comme la photo, comme l'infographie. C'est brouillon, c'est moche, ça sent le "on va casser les codes les gars"... à d'autres.

Le plus drôle, c'est que cette horreur a dû être facturée une blinde.

Un visuel de best-of doit évoquer une ambiance, une atmosphère, doit exprimer l'univers esthétique de l'artiste efficacement, simplement, lisiblement :


Idée cadeau pour Noël au passage


Idée cadeau pour Noël au passage


Idée cadeau de Noël au passage



Idée cadeau de Noël au passage


Moi j'aurais proposé un truc comme ça (cotonneux, mélancolique, mystérieux, poétique, avec un clin d'œil au cinéma cher à Murat - tout comme la gent féminine) :




2) Où est l'inédit ?


Un best-of digne de ce nom doit comporter un inédit, au moins. Ou un remix inédit, ou un titre rare exhumé pour l'occasion (live ou studio).

Les inédits, ce n'est pourtant pas ce qui manque chez Murat, non ?



Idée cadeau de Noël au passage



3) La pire erreur : l'oubli du single "Le garçon qui maudit les filles" (même dans la version "édition deluxe digitale"), titre matriciel de l'Auvergnat.


Cette chanson a été le point de bascule de toute une génération tombée sous le charme de Murat, son romantisme noir, la folie douce amère de sa poésie, sa morgue rimbaldienne - soit les Tables de la loi muratiennes -, à l'œuvre dès ce single incontournable.


Cet "oubli" (le titre est même absent de la version "édition deluxe digitale", on est donc au-delà de l'impardonnable), est vraiment rédhibitoire. 





4) L'absence du single "L'au-delà" (sauf dans l'édition deluxe digitale..., on n'arrête pas le progrès). 


C'est quoi cette manie snobinarde, après l'absence du "Garçon qui maudit les filles", de ne pas mettre les singles incontournables dans un best-of ? 



"L'au-delà" est un hymne.



5) L'ordre chronologique s'imposait.


Histoire de terminer sur "Je me souviens".


Histoire de commencer par "Si je devais manquer de toi" (titre qui a révélé Murat au grand public).



6) Le double album physique s'imposait 


Avec un artiste comptabilisant 40 ans de carrière au compteur, un double CD s'imposait.


Pour ma part, j'aurais aimé cette configuration : 

Le premier avec les titres incontournables.

Le second avec les raretés (et au moins un inédit donc) : des reprises ("Le Charme", "Tomber sous le charme", "Avalanche"), "Noël à la maison", "L'amour au premier regard", etc. 



 7) Mastering atroce


Les morceaux sont présentés en version "2019 Remaster"...




Ou comment dénaturer l'essence des titres, à en croire par exemple le traitement infligé à "L'ange déchu" : de morceau cotonneux atmosphérique planant dans sa version d'origine, il a été transformé en truc inécoutable dans sa version remasterisée, où le charley (charleston) bouffe tout le son et empêche de s'immerger dans cet univers de cendres si beau.


Version d'origine :



Version remasterisée :




8) Mauvais timing


Il fallait sortir un best-of de Murat quelques années avant, tant qu'il pouvait encore susciter un vrai engouement, c'est-à-dire vers 2010. 

Après, c'était trop tard, même s'il y avait évidemment encore de belles choses (mais pas forcément en single, à part "J'ai fréquenté la beauté").


9) Murat victime de mauvais choix de singles


Nous y arrivons justement, à cette problématique des singles, qui a fortement contribué à brouiller les pistes et à éloigner le public, en plus des sautes d'humeur publiques et chroniques de l'Auvergnat.


A partir de Taormina, le choix des singles a été une catastrophe : "Caillou" (au secours), "Tel est pris" (au secours, "Marlène" et "Les voyageurs perdus" étaient bien plus radiophoniques), "Over and over" (au secours), "Les rouges souliers" (alors que "Qu'est-ce que ça veut dire" était le tube évident qui s'imposait, dans une version "Radio Edit" of course), "French Lynx" (au secours), etc. 

On a compris le super critère de sélection de ces professionnels de l'industrie du disque (ceux qui l'ont coulée donc) : "il faut du up-tempo pour les radios !"

"L'ange déchu", "Regrets", "Si je devais manquer de toi", "Col de la Croix-Morand", "Le garçon qui maudit les filles", "Jim", soit les plus grands succès de Murat, n'étaient pas up-tempo, ils étaient mid-tempo... Bravo les pros... 


Ces choix étaient tellement mauvais à l'époque qu'ils n'ont même pas été retenus sur le best-of, à part "Over and over" (la plus up-tempo de Toboggan...).


10) Livret réduit à sa plus simple expression


Reproduction des paroles.

Et c'est tout. Pas de message personnel, pas d'anecdotes, rien.


Pas de vie...


On aurait aimé des petits commentaires insérés dans le livret à la façon d'un Stephan Eicher ou d'un Thiéfaine dans le même registre du "bilan", quelque chose qui apporte un petit supplément d'âme. 


Et puisque je parle d'eux.


Autres idées cadeaux pour Noël : mes biographies consacrées à Thiéfaine (préface de Dominique A) et à Stephan Eicher (préface de Rodolphe Burger) sont toujours disponibles un peu partout.




Stephan Eicher est encore dans les meilleures ventes, cinq mois après sa sortie :

 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...