Brian Wilson nous a quittés le 11 juin.
Je m'en souviens, c'était la veille de la sortie de ma biographie de Stephan Eicher.
Mon dernier achat de lui avait été At my piano à l'époque du covid. Disque cocooning parfait pour la période.
Bien sûr, comme tout le monde, je possédais Pet Sounds et quelque compile des Beach Boys avec le surfer d'argent dessus, que j'ai réécoutée, évidemment, sous le charme.
"God only knows", surfant sur les cimes du divin, quelle beauté quand même.
Ici, Carl Wilson - guitariste frère de Brian et voix des Beach Boys - l'interprète dans un cadre intimiste, ce qui lui confère une force confessionnelle encore plus touchante :
Quant à Smile, le chef-d'œuvre inachevé exhumé des limbes sixties par Brian Wison en 2004, il dégage quelque chose d'enfantin et de religieux à la fois. Et pour cause, le musicien a présenté ce projet comme "une symphonie adolescente pour Dieu".
C'est la règle observable et écoutable scientifiquement, puisqu'elle se reproduit dans les conditions de l'expérience : tout chef-d'œuvre est traversé par l'Esprit Saint !
In A Landscape de Max Richter, sorti l'an dernier, est pareillement touché par la grâce, dans un autre registre.
Smile est une messe pop - elle commence par une prière d'ailleurs ("Our prayer") -, en même temps qu'une relique sacrée née d'un magma créatif inextricable pour se réincarner en une pièce montée de légèreté à toute épreuve.
La preuve en images (écoutez bien jusqu'au bout) :
Ce Smile, je le connais : c'est le sourire extatique du type allongé sur le sol, qui a fumé la moquette.
C'est aussi le sourire de la Joconde, autre chef-d'œuvre chantant.
C'est encore le sourire de Delerm père à la première gorgée de bière.
Il y a du Syd Barrett, il y a du Bach, dans ce sourire d'outre-monde, qui embrasse la vie à pleine bouche pour mieux l'ensoleiller.
Contrairement à ceux qui préfèrent les Smile Sessions d'origine (circa 1966) restituées en 2011, je préfère cette version maturée, retravaillée par Wilson, avec sa voix dans la force de l'âge, plus profonde, plus ronde, plus chaude.
Brian Wilson nous a légué un sourire de sable fin plus grand que l'univers, il peut reposer en paix.
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