J'ai toujours apprécié les Rita, et leur dernier album, Variéty est un vrai bijou. Le duo ne s'était pas fait que des amis à l'époque de la promo de cet album testament, car ses interviews ne s’embarrassaient pas de politiquement correct ("Grand Corps Malade ce n'est pas de la musique", "le rap est devenu un rap islamique anti-blancs, anti-occidental, anti-femmes", etc.) et ce n'était pas pour me déplaire, surtout venant de la part d'icônes comme eux. Ce genre de discours non convenu constituait un beau pied de nez, rock, aux convenances médiatiques bobos. Les Rita étaient en accord avec leur image d'électrons libres, vraiment libres ! Et provocateurs bien sûr. Mais là, ils avaient dépassé les limites de la provocation autorisée - de la provocation de cour donc -, se faisant copieusement siffler sur le plateau de Nulle Part Ailleurs pour leur critique de Grand Corps Malade...
Fred Chichin nous gratifia ailleurs d'une tirade définitive sur l'état du rock hexagonal :
"En France, les groupes sont tenus à bout de bras par les subventions d'état, parvenus à un certain âge, ils s'écroulent. Les festivals, les tournées, les salles sont subventionnées, c'est le rock à la soviétique. Chez nous, ce qui manque, ce n'est pas le matériel, ce ne sont pas les musiciens, c'est la mentalité : on ne peut pas faire du rock avec une mentalité d'assisté".
Magnifique. D'ailleurs, on attend toujours une relève digne de ce nom en France.
Le décès de Fred Chichin quelques mois seulement après cette promotion agitée a marqué la fin d'une époque, on s'en rend compte maintenant.
Les Rita Mitsouko resteront car ils étaient populaire, au sens où ils parlaient au peuple, car ils en venaient, Ils n'étaient pas des produits conceptuels lancés par les maisons de disques pour plaire à tout le monde (norme démagogique en oeuvre partout actuellement). Mais aujourd'hui, on ne sait plus ce qu'est le peuple dans les médias (Cf. la question affligeante de Yann Moix à Onfray chez Ruquier : "c'est quoi le peuple"), un truc abstrait, un peu sale, qu'il convient d'éduquer et de rassurer. Le retour de bâton risque d'être violent.
J'ai vu les Rita en concert une fois, à l'occasion d'un nouvel an fumeux à Paris, à la fin des années 90. Je n'en garde aucun souvenir précis, si ce n'est que tout le monde avait l'air de s'emmerder, sur scène comme dans la salle.
Restent des chansons et des albums magnifiques, à écouter et à redécouvrir. Et des clips géniaux, dont celui-ci, avec les non moins géniaux Sparks (le titre a d'ailleurs été écrit et composé par eux) :
Allez, comme je ne suis pas chien, voici un titre méconnu du groupe, qui révèle sa facette sombre (occultée de l'image médiatique des Rita mais pourtant bien présente dans tous leurs albums) :
"Singing in the shower" et "Petite fille princesse" sont extraits de l'album Marc & Robert (1988)
A signaler la sortie d'un beau livre dédié aux Rita Mitsouko (attention, à ne conseiller qu'aux fans ultras, c'est un recueil de photos uniquement !) :
:
Faites comme Christophe Officiel, CharlElie et Causeur, suivez-moi sur Twitter :
https://twitter.com/sebbataille
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire